Faire des expériences sur des animaux, est-ce moral? Dans ce portail thématique, des chercheurs de la Société suisse pour l'étude des animaux de laboratoire donnent leurs réponses à des questions fréquentes.

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Pourquoi ne peut-on pas se passer de l'expérimentation animale ?

Tierversuch Maus
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Ne faudrait-il pas supprimer toutes les expériences sur les animaux en Suisse ?

Cela serait une façon simple de calmer sa conscience en ayant fait quelque chose pour protéger les animaux. Mais en interdisant ces expériences en Suisse, on n’empêcherait pas qu’elles se fassent à l’étranger. Elles seraient alors réalisées éventuellement hors d’Europe, où les conditions en matière de protection des animaux sont souvent moins strictes qu’en Suisse.

La Suisse a l’une des lois les plus sévères sur la protection des animaux. On peut donc se demander si vouloir interdire l’expérimentation animale dans un pays où elle est sévèrement contrôlée contribue à la protection des animaux. Pour être logique, il faudrait renoncer à des médicaments et à des thérapies qui seraient le fruit de recherches et de développements réalisés à l’étranger dans de moins bonnes conditions de protection des animaux.

Et cela n'est pas possible à long terme, car les médicaments perdent leur efficacité (p. ex. les antibiotiques qui deviennent inefficaces parce que les germes deviennent résistants) et de nouveaux développements sont impérativement nécessaires. De plus, de nouvelles maladies apparaissent régulièrement, comme nous l'avons vu lors de la pandémie de COVID-19, pour lesquelles il manquerait alors des médicaments ou des vaccins efficaces. Et même si l'on était prêt à renoncer à de nouveaux médicaments, l'expérimentation animale reste indispensable pour certains domaines. Par exemple, un(e) étudiant(e) vétérinaire doit apprendre à utiliser certaines méthodes d'examen et d'opération sur les animaux s'il/elle veut pouvoir les traiter avec succès plus tard dans sa carrière.

Pourquoi les expériences sur animaux pour les cosmétiques ne sont-elles pas interdites ?

De facto, l’expérimentation animale n’est pas autorisée en Suisse pour les cosmétiques. Elle ne remplit pas les conditions requises à l’art. 137 de l’ordonnance sur la protection des animaux pour obtenir une autorisation. Le Conseil fédéral a émis un avis à ce sujet à la suite d’une motion parlementaire : « En Suisse, les expériences sur les animaux ne sont autorisées que si elles sont indispensables. C'est pourquoi les expériences qui peuvent causer des contraintes aux animaux doivent être limitées à l'indispensable (art. 17 de la loi sur la protection des animaux; RS 455). L'expérimentation animale pour les produits cosmétiques ne satisfait pas aux exigences en vigueur (art. 137 al. 1 de l'ordonnance sur la protection des animaux, OPAn; RS 455.1). Aujourd'hui déjà, les cosmétiques ne peuvent donc plus être testés sur les animaux, même s'il n'existe aucune interdiction explicite. Il y a plusieurs années, une autorisation a cependant été accordée pour tester les filtres UV des produits solaires, mais uniquement parce que les expériences concernées servaient clairement à préserver la santé de l'homme ; les exigences de l'article 137 étaient par conséquent remplies. »