Ce portail web explique comment fonctionne l'édition du génome dans la sélection végétale. Il présente des plantes utiles dont le génome a été édité, issues de la recherche en matière de sélection et qui pourraient intéresser la Suisse, et répond aux questions fréquemment posées sur le sujet.

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Résistance au mildiou chez la pomme de terre

Pomme de terre avec et sans résistance au mildiou
Image : Natascha Jankovski / SCNAT (CC BY-NC-ND 3.0)

L’essentiel en bref

  • Le mildiou est à l’origine d’importantes pertes de récolte dans la culture des pommes de terre.
  • Pour protéger les pommes de terre de cette maladie, on les traite plusieurs fois par an avec des fongicides.
  • La sélection de variétés résistantes qui répondent à toutes les exigences en matière de goût, d’aptitude à la transformation, de conservation, etc. est un défi de taille.
  • Certaines variétés établies, modifiées par CRISPR/Cas, se sont avérées résistantes au mildiou dans des conditions expérimentales.

Le défi

Le mildiou est avant tout connu pour la grande famine qui a frappé l’Irlande au 19e siècle et qui a fait près d’un million de victimes. On constate cependant aujourd’hui encore que de gros dégâts dans la culture de la pomme de terre sont dus à cette maladie. Durant l’été froid et humide de 2021, elle s’est propagée dans toute la Suisse et a entraîné d’importantes pertes de rendement, notamment chez les pommes de terre bio (réf). La maladie est causée par l’agent pathogène Phytophthora infestans qui infecte quelques plantes isolées au printemps et se propage ensuite rapidement avec le vent dans les champs de pommes de terre. L’infection s’attaque d’abord aux fanes puis se propage aux tubercules. Par temps chaud et humide, un champ de pommes de terre atteint peut être anéanti en quelques jours (réf).

La stratégie actuelle

Pour protéger les pommes de terre contre le mildiou, elles sont traitées sept à huit fois par an, jusqu’à douze fois les années très humides, avec des fongicides de synthèse (en culture conventionnelle) ou des fongicides à base de cuivre (en culture biologique). Les mesures préventives qui ont fait leurs preuves sont l’utilisation de semences saines et l’élimination de repousses de pommes de terre de l’année précédente. Il existe en outre quelques variétés plus robustes, comme par exemple ‘Vitabella’, ‘Acoustic’ et ‘Twinner’ (réf), qui nécessitaient nettement moins de traitements avec des fongicides, du moins dans le cadre d’essais en plein champ (réf).

Le potentiel des nouvelles méthodes de sélection

Les exigences en matière d’apparence et de goût, ainsi de capacité de transport, de conservation et de transformation des variétés de pommes de terre sont très élevées. Selon l’utilisation prévue, certaines tailles et consistances spécifiques sont également recherchées. Lors de l’utilisation de pommes de terre sauvages pour introduire des résistances par croisement, il arrive fréquemment que des propriétés non souhaitables telles que, par exemple, une teneur élevée en glycoalcaloïdes toxiques, soient également transmises. Il est certes possible de les éliminer partiellement ou totalement par des rétrocroisements, mais cela prend de nombreuses années. À ce jour, seules quelques variétés robustes ont pu s’établir sur le marché. De plus, l’agent pathogène s’adapte rapidement et il devient ainsi capable d’attaquer des variétés résistantes jusque-là. L’édition génomique offre la possibilité de rendre plus résistantes des variétés qui ont fait leurs preuves sur le marché, et ce dans un délai relativement court, tout en conservant leurs caractéristiques avantageuses.

Stade de développement

Des essais impliquant la technologie CRISPR/Cas et visant à améliorer la résistance contre Phytophthora sont actuellement en cours. Dans un exemple parmi tant d’autres, il a ainsi été démontré dans des conditions expérimentales, que les pommes de terre de la variété ‘Desirée’ pouvaient être rendues nettement plus résistantes aux attaques de Phytophthora par l’inactivation de deux gènes, et ce sans que la croissance des pommes de terre ne soit affectée (réf).

Perspectives

Si des plantes modifiées par édition génomique devaient également faire leurs preuves dans des conditions de terrain, elles auraient le potentiel d’empêcher les pertes de récolte de pommes de terre et permettraient en même temps de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. De plus, différents mécanismes de résistance pourraient être combinés afin de contrecarrer significativement l’aptitude de Phytophthora à surmonter la résistance.