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Le Conseil mondial de la biodiversité met en garde contre l’accélération drastique de l'extinction des espèces

L’extinction des espèces s’accélère constamment et est déjà de 10 à 100 fois plus élevée que la moyenne des 10 derniers millions d'années. Un total de 0,5 à 1 million d’espèces sur environ 8 millions sont menacées d’extinction, prévient le Conseil mondial de la biodiversité IPBES lundi dans son premier rapport mondial sur l’état de la biodiversité et des services écosystémiques. L’état dramatique de la nature a d’énormes conséquences pour l'existence humaine. Ainsi, 14 des 18 services naturels tels que la pollinisation ou l'assainissement de l’air s’affaiblissent considérablement.

Le hanneton au départ
Image : Enrico Mevius

Selon le rapport, les causes directes de la perte de biodiversité sont (en importance décroissante) l'utilisation excessive des terres et de la mer, la dégradation directe des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution et les espèces envahissantes. Le rapport montre de manière exhaustive comment la perte de biodiversité et de services naturels est liée aux évolutions sociétales fondamentales. Au cours des 30 dernières années, l'économie mondiale a été multipliée par 7 et le commerce mondial par 8. En raison de la mondialisation de l'économie, la production et la consommation de biens sont séparées dans l'espace depuis les années 1980. En conséquence, la charge qui pesait sur la nature s'est fortement déplacée des pays industrialisés vers les pays en développement. « C'est pourquoi, dans ses mesures de promotion de la biodiversité et des services écosystémiques, la Suisse doit non seulement garder un œil sur son propre territoire, mais aussi partager la responsabilité des efforts mondiaux », déclare Andreas Heinimann du Centre pour le développement et environnement et de l’Institut de géographie de l'Université de Berne. Il est l’un des auteurs du chapitre 4 du rapport IPBES.

Les objectifs convenus sont loin d'être atteints

La plupart des objectifs internationaux en matière de biodiversité et de durabilité (objectifs d'Aichi d'ici 2020 et objectifs de développement durable (ODD) d'ici 2030) ne seront pas atteints. Pour la première fois, les chercheurs ont calculé des scénarios d'avenir jusqu'en 2050 pour les différentes régions du monde dans le cadre du rapport IPBES. Même s'il y a une évolution rapide vers la durabilité, le déclin de la biodiversité et de la régulation des services écosystémiques ne pourra être que freiné mais pas arrêté. L’exploitation de la nature sous forme de denrées alimentaires, d'aliments pour animaux, de bois ou de bioénergie continuera à augmenter. Mais si le monde continue de fonctionner de la même façon, autrement dit en maintenant une augmentation rapide de la consommation ainsi qu’une hausse constante de l’effectif de la population, les effets négatifs seront énormes, surtout en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Le rapport de l'IPBES indique clairement qu'une transformation profonde de nos sociétés et de notre relation avec la nature est nécessaire pour assurer nos moyens de subsistance à long terme. « La perte incontrôlée de biodiversité n'est pas seulement une question environnementale extrêmement importante, le bien-être futur des populations et le développement durable ne sont possibles qu'avec une biodiversité intacte. Nous devons repenser la société et prendre des décisions appropriées dans tous les secteurs », déclare Markus Fischer de l'Institut des sciences végétales de l'Université de Berne et du Conseil d'experts de l'IPBES.

Le rapport mentionne toute une série d'actions possibles qui peuvent servir de leviers pour inverser la tendance à l'appauvrissement de la nature : (1) développer des visions pour une bonne qualité de vie qui n'impliquent pas une consommation sans cesse croissante de matériaux ; (2) réduire la consommation globale et les déchets en tenant compte de la croissance démographique et de la consommation par habitant ; (3) créer de nouvelles normes sociales pour la durabilité ; (4) renforcer l'égalité (entre les parties prenantes, les sexes et les générations) ; (5) améliorer la planification et les incitations ciblées pour réduire le déclin des espèces ; (6) renforcer la conservation de la nature par des activités économiques locales et en tenir compte dans le commerce international ; (7) soutenir des innovations technologiques et sociales respectueuses de l'environnement ; et enfin (8) promouvoir l'éducation, la production de connaissances et la préservation de divers systèmes de connaissances, y compris les sciences et les connaissances autochtones et locales sur la nature, la conservation et l’utilisation durable de cette dernière.

À ce jour, le rapport de l'IPBES est l'évaluation mondiale la plus complète sur l'état de la biodiversité et des services écosystémiques. En tout, 150 auteurs ont rédigé ce rapport de 1700 pages. Il s'appuie sur 15 000 études publiées et a ensuite été amélioré et affiné par plus de 20 000 commentaires de chercheurs et de gouvernements.

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